Beethoven reviewed by ARTAMAG’
Par Jean-Charles Hoffelé, le 20 novembre 2019
Voilà, le voyage est déjà fini, et cet ultime volet de l’intégrale la plus juvénile des Sonates pour violon et piano de Beethoven sonne comme un printemps en plein automne.
Quel entrain encore un peu mozartien les deux amis mettent à l’Allegro (très) con spirito de la Troisième Sonate, petit bijou dont l’Adagiopris leste, respectant à la lettre le « con molta espressione », roule tout un paysage ombrageux. Merveille, le violoniste et le pianiste ont le même cantabile souple, et Julien Libeer, je ne sais comment, transforme son clavier en ondes.
Pour la fin du parcours, ils auront gardé tout l’Op. 30, triptyque où la pensée de Beethoven se radicalise, cahier novateur qui désarçonna les mélomanes : c’est le chant intérieur, et une certaine dolence qui parcours les trois Sonates, Beethoven essayant d’y fuir cette surdité qui l’assaille.
Entendre autrement, et faire entendre tout un nouveau monde, c’est bien ce à quoi Julien Liebeer et Lorenzo Gatto parviennent, éclairant avec un lyrisme déchirant ces pages sublimes d’un musicien perdu qui concentre son art, l’exauce en quelque sorte vers une dimension spirituelle. Je ne les avais pas entendues aussi émouvantes, aussi pleines de caractère et d’interrogations, depuis la gravure de Josef Szigeti et de Claudio Arrau.
Et maintenant, quoi pour demain ? Mozart ?